CONTEXTE: Dans certaines régions administratives, la déclaration systématique des valeurs de débit de filtration glomérulaire estimé (DFGe) a conduit à une augmentation des recommandations de patients pour un suivi en néphrologie et, par conséquent, du temps d’attente pour obtenir une consultation.
OBJECTIF DE L’ÉTUDE: Dans cette étude, nous décrivons l’utilisation de l’équation de risque pour l’insuffisance rénale terminale (KFRE) dans le cadre du processus de triage des nouvelles recommandations pour un suivi en néphrologie de patients atteints d’insuffisance rénale chronique de stade 3 à stade 5 dans une province canadienne.
TYPE D’ÉTUDE: On a utilisé un modèle quasi expérimental pour cette étude.
CADRE DE L’ÉTUDE: Cette étude a eu lieu dans la province du Manitoba au Canada.
MESURES: Nous avons comparé les données démographiques et les valeurs de laboratoire des patients, de même que le nombre de nouvelles recommandations de patients en néphrologie et le temps d’attente pour obtenir une consultation entre les périodes choisies.
MÉTHODOLOGIE: En 2012, à l’aide de la KFRE, nous avons établi un risque de défaillance rénale de 3 % sur 5 ans comme valeur seuil pour le triage des nouvelles recommandations de patients pour un suivi en néphrologie. Les patients redirigés qui ne respectaient pas les autres critères de triage spécifiés au préalable, notamment la grossesse ou une glomérulonéphrite soupçonnée, de même que ceux qui présentaient un risque de défaillance rénale inférieur à 3 % sur 5 ans ont été retournés vers les soins primaires avec une recommandation fondée sur les directives du diabète et de l’hypertension. Le délai d’attente moyen et le nombre de consultations observés entre la période prétriage (du 1er janvier 2011 au 31 décembre 2011) et la période suivant le triage (du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2013) ont été comparés à l’aide d’un modèle linéaire général.
RÉSULTATS: Au cours de la période de prétriage, le nombre médian de recommandations en néphrologie a été de 68 par mois (intervalle : 44 à 76 par mois). Ce nombre est passé à 94 par mois (intervalle : 61 à 147 par mois) dans la période suivant le triage. Au cours de cette période, 35 % des recommandations étaient identifiées comme étant urgentes, 31 % comme étant non urgents et 34 % ne portaient aucune mention. Le temps d’attente médian s’est amélioré, passant de 230 jours (intervalle : 126 à 355 jours) en période de prétriage à 58 jours (intervalle : 48 à 69 jours) dans la période post-triage.
LIMITES DE L’ÉTUDE: Nous n’avons aucun suivi à long terme pour les patients classés à faible risque de défaillance rénale sur 5 ans. De plus, il est possible que notre étude ne puisse s’appliquer aux équipes de néphrologues qui opèrent en dessous de leur capacité et donc, sans liste d’attente. Enfin, nous ne pouvons tenir compte des différences susceptibles d’être observées entre les groupes de patients vus en prétriage et en post-triage puisque nous n’avons pas recueilli de renseignements détaillés sur tous les patients recommandés.
CONCLUSIONS: Notre système de triage axé sur les risques de défaillance rénale sur 5 ans est un outil efficace d’élaboration de politiques en santé. Ce système conduit à l’amélioration du temps d’attente et à un accès plus facile aux soins pour les patients à haut risque de voir leur état progresser vers l’insuffisance rénale.
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