Objectif : Analyser la littérature la plus récente afin de formuler des recommandations factuelles à l’intention des fournisseurs de soins obstétricaux au sujet du déclenchement du travail. Options : Mise en œuvre d’un déclenchement du travail dans le cadre d’une grossesse. Issues : Chronologie et méthode appropriées pour ce qui est du déclenchement, mode d’accouchement approprié et issues maternelles et périnatales optimales. Résultats : La littérature publiée a été récupérée par l’intermédiaire de recherches menées dans PubMed, CINAHL et The Cochrane Library en 2010, au moyen d’un vocabulaire contrôlé (p. ex. « labour », « induced », « labour induction », « cervical ripening ») et de mots clés (p. ex. « induce », « induction », « augmentation ») appropriés. Les résultats ont été restreints aux analyses systématiques, aux essais comparatifs randomisés / essais cliniques comparatifs et aux études observationnelles. Aucune restriction n’a été appliquée en matière de date ou de langue. Les recherches ont été mises à jour de façon régulière et intégrées à la directive clinique jusqu’à la fin de 2010. La littérature grise (non publiée) a été identifiée par l’intermédiaire de recherches menées dans les sites Web d’organismes s’intéressant à l’évaluation des technologies dans le domaine de la santé et d’organismes connexes, dans des collections de directives cliniques, dans des registres d’essais cliniques et auprès de sociétés de spécialité médicale nationales et internationales. Valeurs : La qualité des résultats est évaluée au moyen des critères décrits dans le rapport du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (Tableau 1). Validation : Les données, les déclarations sommaires et les recommandations que contient la présente directive clinique ont été vérifiées en les comparant à celles de directives cliniques similaires. Commanditaire : Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Déclarations sommaires 1. Les prostaglandines E2 (administrées par voie cervicale et vaginale) constituent des agents efficaces de maturation cervicale et de déclenchement du travail en présence d’un col non favorable. (I-A) 2. L’utilisation de PGE2 intravaginales, plutôt qu’intracervicales, est à privilégier puisqu’elle donne lieu à plus d’accouchements vaginaux en temps opportun. (I) Recommandations 1. L’indication justifiant le recours au déclenchement doit être documentée et la discussion devrait aborder la raison motivant le déclenchement, la méthode de déclenchement et les risques (y compris l’incapacité d’obtenir le travail et la hausse possible du risque de césarienne). (III-B) 2. Lorsque le déclenchement du travail échoue, l’indication et la méthode de déclenchement devraient être réévaluées. (III-B) 3. Un déclenchement ne devrait pas être mené seulement en raison de la présence soupçonnée d’une macrosomie fœtale. (III-D) 4. Un déclenchement ne devrait pas être mené seulement parce que cela convient à la patiente ou au fournisseur de soins. (III-D) 5. Les fournisseurs de soins devraient évaluer le col utérin (au moyen de la cotation de Bishop) en vue de déterminer la probabilité de réussite du déclenchement et de sélectionner la méthode de déclenchement appropriée. (II-2A) 6. La cotation de Bishop devrait être documentée. (III-B) 7. Les fournisseurs de soins doivent tenir compte du fait que, en présence d’un col non favorable, le déclenchement est associé à un taux d’échec accru chez les patientes nullipares, ainsi qu’à un taux de césarienne accru chez les patientes tant nullipares que pares. (II-2A) 8. Idéalement, toutes les femmes devraient subir une échographie, préférablement au cours du premier trimestre, en vue de confirmer l’âge gestationnel. (I-A) 9. Les établissements devraient disposer de programmes d’assurance-qualité et de politiques en matière de déclenchement (dont des outils de sécurité tels que des listes de contrôle), en vue de s’assurer que les déclenchements ne sont menés qu’en raison d’indications acceptables. (II-2B) 10. Un déclenchement du travail devrait être offert aux femmes entre 41+0 et 42+0 semaines, puisque cette intervention pourrait réduire les taux de mortalité périnatale et de syndrome d’aspiration méconiale, sans entraîner une hausse du taux de CS. (I-A) 11. Les femmes qui choisissent de différer le déclenchement au-delà de 41+0 semaines devraient être soumises à une évaluation du bien-être fœtal deux fois par semaine. (I-A) 12. Les sondes de Foley intracervicales constituent des méthodes acceptables (II-2B) qui s’avèrent sûres tant dans le contexte d’un AVAC (I-B) qu’en clinique externe. (II-2B) 13. Les sondes à double lumière pourraient être considérées comme étant une solution de deuxième intention. (II-2B) 14. Les PGE2 (administrées par voie cervicale et vaginale) ne devraient pas être utilisées dans le cadre d’un AVAC, et ce, en raison d’un risque accru de rupture utérine. (II-2D) 15. L’utilisation de PGE2 administrées par voie vaginale peut être envisagée en présence d’une rupture des membranes à terme. (I-A) 16. Le misoprostol peut être considéré comme un agent sûr et efficace aux fins du déclenchement du travail en présence de membranes intactes et en milieu hospitalier. (I-A) 17. Le misoprostol ne devrait pas être utilisé dans le cadre d’un AVAC, en raison du risque accru de rupture utérine. (II-3D) 18. Le traitement à l’oxytocine ne devrait pas être entamé avant que quatre heures ne se soient écoulées depuis l’administration de la dernière dose de misoprostol. (III-B) 19. L’amniotomie devrait être réservée aux femmes qui présentent un col favorable. Lorsque la présentation est non engagée, des soins particuliers devraient être mis en œuvre, et ce, en raison du risque de prolapsus du cordon. (III-B) 20. À la suite de l’amniotomie, le traitement à l’oxytocine devrait être entamé tôt de façon à faire démarrer le travail. (III-B) 21. En présence d’une rupture des membranes à terme, le recours à l’oxytocine devrait être envisagé avant la mise en œuvre d’une prise en charge non interventionniste. (I-A) 22. Les femmes qui présentent des streptocoques du groupe B devraient se voir administrer de l’oxytocine dès que possible à la suite de la rupture des membranes, de façon à faire démarrer le travail dans un délai de 24 heures. (III-B) 23. Le recours aux protocoles d’oxytocine tant à forte qu’à faible dose peut être envisagé dans le cadre d’un protocole hospitalier. (III-B) 24. En raison de la diversité des concentrations, les taux de perfusion d’oxytocine devraient toujours être consignés en mU/min plutôt qu’en ml/h. (III-L) 25. Le déclenchement à l’oxytocine peut être envisagé dans le cas d’un AVAC se déroulant en milieu hospitalier. (II-3B).